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Une enquête de la «SonntagsZeitung» montre qu’au moins 2600 super-riches sont établis dans les cantons suisses et seraient concernés par l’acceptation de l’initiative de la Jeunesse socialiste (JS).

L’initiative pour l’imposition des multimillionnaires continue à remuer cantons et politiques. Et, comme le rappelle la «SonntagsZeitung», elle a déjà des conséquences tangibles. Ainsi, à Nidwald, la directrice des finances en charge annonce le départ de Suisse des premiers multimillionnaires qui redoutent d’avoir à laisser 50% de leur fortune à la Confédération à titre d’impôts sur les successions ou les donations, tel que l’exige l’initiative des Jeunes socialistes (JS).

466 multimillionnaires à Genève

Une évaluation faite par le journal dominical révèle aussi pour la première fois le nombre de multimillionnaires avec une fortune imposable de plus de 50 millions de francs dans chaque canton: sur le total de 2600 personnes concernées, régulièrement taxées par le fisc en Suisse, 466 sont établies dans le canton de Genève et 400 dans celui de Zurich, premiers du classement. Elles devraient donc s’acquitter du nouvel impôt sur les successions si l’initiative passait. A cela s’ajoute un nombre inconnu d’étrangers imposés au forfait.

Nidwald risque la plus grande perte d’entrées fiscales

Proportionnellement au nombre d’habitants, Nidwald compte le plus de super-riches touchés par l’initiative. Le canton risque donc la plus grande perte de contribuables de haut niveau par rapport à sa population: le petit canton abrite 22 multimillionnaires avec une fortune de plus de 50 millions de francs pour 10’000 habitants. A titre de comparaison, la majorité des cantons ne comptent qu’un ou deux multimillionnaires pour 10’000 habitants. Même Zoug, canton à faible imposition, affiche une densité plus faible, de 19 super-riches pour 10’000 habitants. Selon son service des impôts, leur départ menacerait le canton d’une perte fiscale annuelle de l’ordre de 20%.

A Genève, les autorités fiscales ont calculé qu’en cas d’acceptation de l’initiative, 46% des impôts sur la fortune et 13% des impôts sur le revenu pourraient être perdus. Ce qui représente 400 millions de francs par an en chiffres absolus.

Mirjam Hostetmann présente ses excuses à Peter Spuhler

Après avoir qualifié la semaine dernière Peter Spuhler (UDC/AG) de «criminel fiscal» sur la plate-forme X, Mirjam Hostetmann, présidente de la JS, présente ses excuses pour son choix de mots «inapproprié» dans une interview à la «SonntagsZeitung». Mais elle qualifie la menace d’émigration du multimillionnaire de «réaction à court terme» et «d’antidémocratique». Selon elle, la Suisse ne doit pas se laisser mettre sous pression par des individus. Elle estime juste d’aller chercher des fonds pour lutter contre la crise climatique auprès de ceux qui tirent du profit du système économique.

Politiques et entrepreneurs exigent des mesures rapides

Pour stopper l’exode des multimillionnaires, les entrepreneurs et les politiques suisses exigent des mesures rapides, rapporte la «SonntagsZeitung». L’appel à invalider certaines parties de l’initiative se fait de plus en plus insistant. Après deux politiciens du PLR, un conseiller aux Etats du centre et l’ex-conseiller national Peter Spuhler (TG), Christoph Blocher se joint à la demande. Pour l’ex-ministre de la Justice, il est inadmissible que l’initiative contienne une «clause de rétroactivité», comme il l’a déclaré sur sa chaîne télévisée Teleblocher.

Les gens fortunés sont très mobiles

Dans le «SonntagsBlick», Marius Brülhart, professeur d’économie à l’Université de Lausanne, estime que les gens fortunés qui menacent de quitter la Suisse si l’initiative passait le feront, car «des études montrent que les personnes très fortunées et leur capital sont très mobiles». Le spécialiste, qui étudie la répartition des richesses de longue date, juge donc l’initiative de la JS comme «potentiellement contre-productive». Mais il estime aussi justifié que Berne discute de l’imposition des grandes fortunes: «Après tout, c’est un fait que les milliardaires sont aujourd’hui nettement mieux traités fiscalement en Suisse qu’il y a 30 ans.»

https://www.20min.ch/fr/story/votations-les-cantons-de-geneve-et-de-zurich-comptent-le-plus-de-super-riches-103148892